vendredi 17 mai 2013

Participation à la formation Web 2.0 et médias sociaux pour le développement organisée par le CTA et Yam Pukri



Le CTA en collaboration avec Yam Pukri a lancé une campagne de formation sur le web 2.0. Le but de cette formation est de doter les acteurs du développement d’outils qui pourront leur permettre d’accroitre encore plus leur efficacité dans leurs actions de développement et de créer une synergie d’action entre ces acteurs de développement.

Cette formation s’est déroulée en cinq (5) jours du 13 au 17 mai 2013 au centre de formation de Yam Pukri. La formation a été dispensée par une équipe de Yam Pukri composée de quatre personnes que sont : Sylvestre OUEDRAOGO, Leticia SON, Yacouba DAO et Asseta SAWADOGO.
Les participants sont venus de divers organismes publiques, privés et associatifs et de tout le Burkina Faso.

Jour 1 : Web 2.0 et accès à l’information

Les participants se sont présentés et ont exprimés leurs attentes vis-à-vis de la formation et des formateurs.
En ce premier jour de formation, il a été procédé à une présentation des deux organisations qui sont à l’origine de cette formation : le CTA (www.cta.int) et Yam Pukri (www.yampukri.org).
Avant de commencer la formation à proprement parler, une évaluation du niveau de connaissance des participants sur les médias sociaux en particulier et l’informatique en générale a été effectuée.
La première formation a constitué en une présentation du web 2.0 à travers son origine, son contenu et les utilisations qu’on peut en faire. Des discussions et des partages d’expériences ont faites sur les opportunités et les menaces que cet outil peut représenter.
Par la suite, les participants ont été introduits aux programmes suivants :
- Recherche avancée avec Google
- Google Alerts
- Flux RSS : Google Reader
Ces formations ont été d’une part théoriques et d’autre part pratique. L’accent a surtout été mis sur la pratique à travers des travaux pratiques et des exercices.

Jour 2 : Collaboration à distance et VoIP

Avant de commencer avec les formations du jour, une évaluation de la journée précédente a été effectuée. Un cadre a été créé afin que les participants fassent des remarques et des suggestions  amélioration des prochaines sessions de formation.
Les formations du jour ont porté sur :
- Les wiki : utilisation et création
- Google Drive est ses fonctionnalités
- Skype

Jour 3 : Cartographie, Micro-Blogging et les Blogs

Après l’évaluation de la journée précédente et les commentaires, les formations du jour ont porté sur :
- Google Maps
-Twitter
- Blogger

Jour 4 : Réseaux Sociaux

Après l’évaluation du jour précédent, deux principaux réseaux sociaux ont été présents; l’un professionnel et l’autre plus généraliste. Il s’agit de :
- LinkedIn
- Facebook.

Jour 5 : Web 2.0 et les médias pour le développement

Le module Web 2.0 et les médias sociaux pour le développement a été présenté aux participants à travers un support CD qui leur a été remis. L’avantage est qu’ils pourront toujours se servir de ce CD pour approfondir leurs connaissances sur les médias sociaux et pour relayer les connaissances acquises dans leurs réseaux respectifs.
Des exercices globaux sur tous les outils enseignés ont été donnés et traités par les participants. Ensuite, une Foire aux Questions (FAQ) a été ouverte entre les participants et les formateurs.
L’atelier de formation s’est terminé par une évaluation globale de tout le processus depuis le contenu des formations jusqu’aux conditions de formations et des recommandations ont été faites à l’endroit de toutes les parties.

Observations générales

Cette formation a été très bénéfique pour les participants. Le caractère très pratique a permis de s’approprier tous les outils qui ont été présenté. Même, les participants qui avaient déjà un certain niveau d’utilisation de certains outils ont fortement appris durant la formation. La plupart des participants se sont inscrits pour l’utilisation des outils présentés et ont commencé à les utiliser séance tenante. Le seul point noir de cette formation était la connexion Internet qui n'était pas de très bonne qualité. C'est sûr qu'en connexion de qualité supérieure aurait permis de faire encore mieux que ce qui a été fait.
Nos sincères remerciements vont à l’endroits des formateurs de Yam Pukri et du CTA pour cette opportunité qui nous a été offerte d’accroitre encore plus notre impact dans le cadre des activités de développement que nous menons.




jeudi 16 mai 2013

Adéquation formation-emploi en Afrique de l’Ouest



La théorie du capital humain postule que l'éducation est l'un des moyens par lequel un pays peut améliorer significativement la productivité de sa main-d’œuvre et augmenter de manière durable sa croissance économique. Dans une étude sur les USA, Denison (1985) trouve que l'augmentation du niveau d'éducation du travailleur moyen entre 1929 et 1982 explique près du quart de la croissance du revenu par tête sur la période.

Le lien entre la formation et la croissance est donc bien établi depuis longtemps. Toutefois, il faut noter que la croissance doit nécessairement être accompagnée par une augmentation du niveau de l’emploi. A défaut de création d’emploi, la croissance peut se muer à terme en décroissance. Le cas tunisien est l’exemple le plus patent de cette situation. En effet, la Tunisie était un modèle en matière de performances économiques en Afrique. Mais ces performances économiques n’ont pas empêché la crise que ce pays a connu lors de la Révolution du Jasmin en début 2011; crise qui a trouvé son origine dans le sous-emploi massif des jeunes tunisiens.

La question de la relation formation-emploi reste toujours d’actualité. Plus précisément, elle se pose de façon beaucoup plus pressante dans les économies ouest-africaines du fait du niveau relativement élevé de la pauvreté (plus de 40 % en moyenne des populations ouest-africaines est pauvre), de la faiblesse de taux de croissance réelle, de la stabilité précaire des différentes économies de cette région, etc.

Les raisons de l’inadéquation entre la formation et l’emploi

Les principales raisons de l’inadéquation entre la formation et l’emploi dans les économies ouest-africaines sont : (i) le manque de vision en matière de formation et d’emploi, (ii) le caractère essentiellement théorique de la formation actuelle et (iii) la faiblesse de l’encouragement des jeunes à l’auto-emploi.

La raison principale de l’inadéquation entre la formation et l’emploi dans nos économies est le manque de vision des dirigeants de nos économies respectives sur le plan de la formation. On peut illustrer cela par le « paradoxe de l’agriculture ». En effet, nos pays sont à majorité à vocation agricole. L’avantage comparatif par rapport aux économies occidentales est très net. Mais, on constate que la formation dans le domaine agricole reste à un niveau très faible ou est presque quasi inexistante. Le corollaire est que les productions agricoles sont fortement influencées par des facteurs exogènes tels que la pluviométrie. Les cas de déficit céréalier et de famine sont fréquemment reportés dans la région (Par exemple, en lors de la campagne 2011-2012, le Burkina Faso avait un déficit céréalier de 31 000 tonnes).

De nos jours, on constate une certaine marginalisation des métiers agricoles de la part des jeunes. Il faudrait à tout prix inciter les jeunes à opter pour l’agriculture car non seulement, les possibilités dans ce domaine sont énormes, mais aussi et surtout ce secteur constitue un levier important pour la croissance de nos économies. Il n’est pas nécessaire de subventionner ces métiers car du fait de l’avantage comparatif que nos économies ont dans le domaine agricole, une bonne gestion de ce secteur permettra de générer suffisamment de revenu pour les personnes exerçant dans ce secteur. 

L’accent est mis sur les filières « classiques » telles que les sciences économiques, les sciences juridiques et politiques, les lettres modernes, etc. Non pas que ces filières ne sont pas importantes pour nos économies, mais au regard du nombre d’étudiants qui sont inscrits dans ces filières et des besoins de l’économie, la question de l’optimalité des choix se pose avec acuité. Dans la majeure partie de nos pays, les effectifs des trois filières ci-dessus citées sont, de loin, les plus élevés par rapport à toutes les autres filières et la tendance reste haussière. Cela crée de l’inflation scolaire qui constitue tout simplement un gaspillage du peu de ressources dont disposent nos économies.

Un autre facteur non négligeable de l’inadéquation entre la formation et l’emploi est le caractère essentiellement théorique et très peu pratique des filières de formation. A cet effet, on peut citer l’ancien Président sénégalais, Me Abdoulaye Wade lors d’une cérémonie de remise de prix aux lauréats d’un concours en 2010: « notre système paraît trop théorique, alors que la pratique y a toute sa place pour avoir des ressources humaines de qualité, capables de s’adapter rapidement au monde du travail ». En effet, les systèmes éducatifs dans tous les pays ouest-africains restent très théoriques. Ce fait est unanimement reconnu aussi bien par les apprenants que par les employeurs.

En outre, on peut ajouter le fait que les programmes n’intègrent pas des formations qui permettraient aux apprenants d’avoir tous les outils qu’il faut afin d’opter pour l’auto-emploi ,par exemple, au détriment de la situation de wait and see dans laquelle la jeunesse se trouve plongée. Les apprenants ne se voient pas apprendre cette culture d’entreprendre qui permettrait à chacun de disposer de tous les atouts qu’il lui faudrait pour s’insérer dans le marché de l’emploi en dépit d’une offre d’emploi nettement faible par rapport à la demande d’emploi.

Les principales raisons de l’inadéquation entre la formation et l’emploi que nous avons évoquées ci-dessus, en plus d’autres raisons, sont de nature à avoir des conséquences désastreuses pour nos économies.

Les conséquences de l’inadéquation entre formation et emploi

On peut distinguer les conséquences de l’inadéquation entre la formation et l’emploi à deux (2) niveaux : sur le plan de la croissance dans la région et sur le plan de la stabilité de la région.

Concernant la croissance, l’inadéquation entre la formation et l’emploi crée deux problèmes : l’un au niveau de la demande d’emploi et l’autre au niveau de l’offre d’emploi. Au niveau de l’offre d’emploi, les entreprises sont rationnées dans leur demande de travail. Cela a pour corollaire de réduire le niveau de production. Au niveau de la demande d’emploi, les diplômés n’arrivent pas à s’insérer dans le marché de travail. L’inactivité va user leur stock de connaissance. Ce qui constitue une grosse perte pour ces individus et pour la société toute entière car ce sont des sommes importantes qui ont été investies dans la formation de ces individus.

L’un dans l’autre ces deux problèmes vont entrainer une faiblesse de la croissance économique. Cette faiblesse de la croissance va entrainer une baisse du niveau de la demande d’emploi de la part des entreprises. Ce qui à son tour va entrainer une faiblesse de la croissance. On se retrouve alors dans un cercle vicieux de sous-emploi et de faible croissance.

La deuxième grande conséquence est relative à la stabilité de la région. Cette stabilité de la région peut se trouver menacée par les risques d’instabilité dans chacun des pays de la région. En effet, le chômage massif des jeunes constitue une bombe à retardement pour nos pays. Du fait de leur frustration, à la moindre secousse, les jeunes sont susceptibles d’exprimer cette frustration de façon très violente. Ils sont aussi facilement manipulables par tout individu de mauvaise intention. 

La question de l’adéquation entre la formation et l’emploi est donc une préoccupation majeure à laquelle nos Etats ont intérêt à trouver une solution dans les plus brefs délais au risque de demeurer dans cette situation de trappe à pauvreté et de perdre la stabilité relative dont fait preuve la région ouest-africaine.

Pistes de solution

Dans les lignes ci-dessus, nous avons présenté les raisons de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Une présentation des principales conséquences que cette situation peut engendrer a été faite.

Dans la suite ce cette section, nous nous attèlerons à présenter des pistes de solution au problème de l’adéquation formation-emploi. 

Il serait beaucoup plus avantageux que nos systèmes de formation s’appuient sur le modèle suivant. Il s’agit d’un modèle qui a été élaboré en 1965 par Hollister (OCDE, 1965) dans le cadre du Projet Régional Méditerranéen. Mais la date d’élaboration de ce modèle n’entame en rien sa pertinence au regard de nos systèmes éducatifs actuels et des besoins de nos économies respectives.  Les principales étapes de ce modèle sont :
1.   Estimation de l’output total de l’économie pour la période considérée
2.   Estimation des outputs sectoriels à la même période
3.   Estimation de la productivité du travail par secteur
4.   Estimation de la distribution des qualifications dans chaque secteur
5.   Estimation du nombre d’individus par secteur et par qualification
6.   Addition par qualification
7. Estimation du nombre d’individus par niveau d’éducation nécessaire pour satisfaire les besoins définis (relation formation-emploi)
8.   Estimation par niveau d’éducation du nombre d’individus issus de la population active encore en activité à la date-objectif
9.   Par soustraction, on obtient le nombre de diplômés nécessaires par niveau d’éducation pour couvrir les besoins résiduels.
Ce modèle aussi simple soit-il permet de mettre en place des systèmes éducatifs plus efficients et performants  que ceux existants actuellement.
On commence par estimer l’output total de l’économie, c’est-à-dire toute la richesse que l’on compte créer sur une période donnée. Une fois la richesse totale estimée, on évalue les apports que chaque secteur de l’économie fera afin d’atteindre le niveau de richesse que l’on s’est fixé comme objectif.  Après que l’on ait déterminé la productivité et les qualifications par secteur qui permettront d’atteindre le niveau d’output sectoriel cherché, on peut déterminer le nombre de travailleurs par secteur et par qualification. Dès lors, en faisant l’addition des individus par qualification, on obtient le nombre d’individus par niveau d’éducation nécessaires pour satisfaire les besoins définis. Cette étape est très importante car c’est elle qui permet de faire le lien direct entre besoin de formation et besoin d’emploi. Le besoin en termes d’emploi étant connu, on évalue le nombre d’individus encore en activité à la date-objectif. Une fois cela fait, par soustraction de ce nombre aux besoins en termes d’emploi, on peut déterminer le nombre exact d’individus qu’il faut former. Connaissant donc le nombre d’individus qu’il faut former, on évite facilement le gaspillage de ressources.

Pour résumer ce modèle, on peut dire que l’on part d’une vision bien précise de l’économie et que c’est sur la base de cette vision que l’on veut atteindre dans l’économie qu’on fixe le niveau d’emploi et par voie de fait qu’on exprime les besoins en termes de formation. 

L’adoption d’un système éducatif basé sur un tel modèle permet non seulement de réduire les coûts liés au système lui-même, mais aussi et surtout il permet d’employer de façon efficiente toute la main-d’œuvre disponible.

Toutefois, il peut arriver que l’offre d’éducation soit inférieure à la demande d’éducation. Dans ce cas, on peut palier à ce problème en intégrant dans les programmes des formations pratiques. Ces formations pratiques permettront aux individus de s’auto-employer. Plus il y’aura d’individus hautement qualifiés (tant sur le plan des connaissances théoriques que pratiques) dans l’économie plus les entreprises seront incitées à offrir de l’emploi car la productivité du travail augmente avec la qualification de l’individu. On aura alors une forte croissance  qui entrainera une hausse de la demande d’emploi qui va entrainer à son tour une croissance encore plus forte. On passera alors du cercle vicieux au cercle vertueux de la croissance.

Conclusion

Au terme de notre analyse, il est ressorti que la principale raison de l’inadéquation entre la formation et l’emploi est un manque de vision de la part de nos dirigeants sur le plan de la formation. A cela s’ajoutent le caractère essentiellement théorique de nos systèmes de formation et la faiblesse de la promotion de l’auto-emploi chez les jeunes.

Ce phénomène de l’inadéquation entre formation et emploi peut avoir des effets néfastes tant sur la croissance économique que sur la stabilité des Etats de la sous-région ouest-africaine. Ces effets néfastes sur la croissance vont à leur tour affecter le niveau d’emploi de sorte que les économies se retrouvent dans un cercle vicieux de sous-emploi et de faible croissance.

En vue de remédier à cette situation peu reluisante pour nos économies, il est grand temps de mettre en place un système de formation qui tienne compte de toutes les caractéristiques de l’offre et de la demande de travail, mais aussi qui s’inscrive dans une optique beaucoup plus globale de facteur de production pour nos économies. Un tel système peut être mis en place dans nos économies en se basant sur des modèles tels que celui de Hollister. De plus, la question de la promotion de l’emploi et l’accompagnement de structures œuvrant dans le domaine de l’employabilité ou de structure telles que les mouvements et associations de jeunesse permettra de rendre encore plus efficace le système de formation pour une adéquation formation-emploi encore plus prononcée.

Toutes ces politiques n’auront un sens qu’à la seule condition que la jeunesse ouest-africaine comprennent que l’avenir de cette région est entre ses mains et qu’il faudrait qu’elle sorte de cette léthargie dans laquelle elle se trouve et qu’elle devienne plus active au regard de tous les challenges auxquels la région fait face.

Votre Serviteur




Sayouba GUIRA est économiste-planificateur de formation.

Sa passion pour les questions de ressources humaines  l’a conduit à se spécialiser lors de son DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies) en Economie des Ressources Humaines dans le cadre du Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire.

Bilingue (Français-Anglais), il est spécialiste des questions de ressources humaines depuis la formation jusqu’au développement de celles-ci. Il a une forte expérience dans le domaine de la formation. Ses formations sont bilingues.

Il a une très grande expérience dans le domaine du développement communautaire. Cette expérience est matérialisée par la conception et la mise en œuvre de projets dans le but de renforcement de capacités et de sensibilisation sur les questions d’emplois, de santé, d’éducation, etc.